Paradoxe de Landé

Le "paradoxe" de Landé fut proposé par Landé pour affirmer que la relation de De Broglie n'est pas une équation covariante de Galilée. La solution à ce paradoxe de la dualité onde-particule se trouve en le caractère projectif des représentations en mécanique quantique non-relativiste.

Le paradoxe

La relation de De Broglie est :

p = h λ {\displaystyle p={\frac {h}{\lambda }}} .

Classiquement, pour une particule de masse m {\displaystyle m} , la quantité de mouvement p {\displaystyle p} et la longueur d'onde λ {\displaystyle \lambda } se transforment de la façon suivante sous une transformation de Galilée :

{ p p + m v = p λ λ = λ {\displaystyle {\begin{cases}p\to p+mv=p'\\\lambda \to \lambda =\lambda '\end{cases}}}

En effet, une onde classique, de fréquence ν {\displaystyle \nu } , est représentée par

f ( x , t ) = α sin [ 2 π ( x λ ν t ) ] {\displaystyle f(x,t)=\alpha \sin \left[2\pi \left({\frac {x}{\lambda }}-\nu t\right)\right]} .

Et alors, sous une transformation de Galilée pure :

{ x x + v t = x t t = t {\displaystyle {\begin{cases}x\to x+vt=x'\\t\to t=t'\end{cases}}}

l'onde classique respecte

f ( x , t ) = f ( x , t ) = α sin [ 2 π ( x v t λ ν t ) ] = α sin [ 2 π ( x λ ( ν + v λ ) t ) ] {\displaystyle {\begin{aligned}f'(x',t')&=f(x,t)\\&=\alpha \sin \left[2\pi \left({\frac {x'-vt'}{\lambda }}-\nu t'\right)\right]\\&=\alpha \sin \left[2\pi \left({\frac {x'}{\lambda }}-\left(\nu +{\frac {v}{\lambda }}\right)t'\right)\right]\end{aligned}}}

c'est-à-dire que la longueur d'onde se transforme de la façon mentionnée ci-haut ( λ = λ {\displaystyle \lambda '=\lambda } ) , et la fréquence ν = ν + v λ {\displaystyle \nu '=\nu +{\frac {v}{\lambda }}} (c'est l'effet Doppler non-relativiste).

Le problème est le suivant : L'imposition de la covariance de la théorie implique qu'on doit avoir, en particulier :

p = h λ p + m v = h λ {\displaystyle p'={\frac {h}{\lambda '}}\quad \Rightarrow \quad p+mv={\frac {h}{\lambda }}}

ce qui n'est bien sûr pas respecté pour toute transformation de Galilée non triviale (avec v 0 {\displaystyle v\neq 0} ).


Solution au "paradoxe"

L'erreur était de supposer que f ( x , t ) = f ( x , t ) {\displaystyle f'(x',t')=f(x,t)} . Ceci est vrai pour une onde classique, mais ne tient plus dans un cadre quantique. En effet, les représentations en mécanique quantique non-relativiste (covariante de Galilée) sont des représentations projectives. Elles obéissent donc à l'équation suivante :

ψ ( x , t ) = exp [ 2 π i h m ( 1 2 v 2 t + v x ) ] ψ ( x , t ) {\displaystyle \psi '(x',t')=\exp \left[{\frac {2\pi i}{h}}m\left({\frac {1}{2}}v^{2}t+vx\right)\right]\psi (x,t)}

Pour une onde générale normalisée, ψ ( x , t ) = exp [ 2 π i ( x λ ν t ) ] {\displaystyle \psi (x,t)=\exp \left[2\pi i\left({\frac {x}{\lambda }}-\nu t\right)\right]}  :

ψ ( x , t ) = exp [ 2 π i x ( 1 λ + m v h ) 2 π i t ( v 1 2 m v 2 h ) ] = exp [ 2 π i ( x v t ) ( 1 λ + m v h ) 2 π i t ( v 1 2 m v 2 h ) ] = exp [ 2 π i ( x λ ν t ) ]   , o u `     λ = ( 1 λ + m v h ) 1   , ν = ν + v λ + m v 2 2 h {\displaystyle {\begin{aligned}\psi '(x',t')&=\exp \left[2\pi ix\left({\frac {1}{\lambda }}+{\frac {mv}{h}}\right)-2\pi it\left(v-{\frac {1}{2}}{\frac {mv^{2}}{h}}\right)\right]\\&=\exp \left[2\pi i(x'-vt)\left({\frac {1}{\lambda }}+{\frac {mv}{h}}\right)-2\pi it'\left(v-{\frac {1}{2}}{\frac {mv^{2}}{h}}\right)\right]\\&=\exp \left[2\pi i\left({\frac {x'}{\lambda '}}-\nu 't'\right)\right]~,\\&\quad {\text{o}}{\grave {\text{u}}}~~\lambda '=\left({\frac {1}{\lambda }}+{\frac {mv}{h}}\right)^{-1}~,\quad \nu '=\nu +{\frac {v}{\lambda }}+{\frac {mv^{2}}{2h}}\end{aligned}}}

Et ainsi, on comprend qu'une onde en mécanique quantique, contrairement à une onde classique, voit sa fréquence et sa longueur d'onde modifiées sous une transformation de Galilée pure.

Il n'y a donc pas de vrai paradoxe.

Liens externes

  • (en) J.‐M. Lévy‐Leblond, « Quantum fact and classical fiction: Clarifying Landé’s pseudo‐paradox », American Journal of Physics,‎ , p. 1130
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